On s'intéresse tous de savoir ce qu'est la manipulation, si on manipule les autres, si on est manipulé... Mais qui d'entre nous se rendent réellement compte de la manipulation constante dont ils font l'objet ? Dans leurs relations interpersonnelles, commerciales, patron-employé, dans la publicité, à la télé, etc. On pense toujours que l'on est assez fort pour ne jamais se laisser manipuler, qu'on est pas dupe, qu'on est pas naïf et qu'on a l'esprit critique. Oui, c'est ce que l'on pense tous.
Dans cet article, et il y en aura d'autres sur le sujet, l'on s'intéressera plutôt à la manipulation de masse et mauvaise nouvelle ! C'est celle dont on se rend le moins compte.
Les techniques de manipulation des masses
1. L'heuristique de disponibilité
Pourquoi avons-nous plus peur de prendre l’avion que la voiture ? Parce que les médias nous bombardent d’images de crashs d’avions, dans les moindres détails (défaillance des sondes, interview des rescapés, etc.). Lorsque nous essayons de nous représenter la probabilité qu’un tel événement nous arrive, nous rassemblons à toutes vitesses des images mentales liées à cet événement et plus nous trouvons d’images mentales, plus nous jugeons l’évènement susceptible de se produire. C’est ça, l’heuristique de disponibilité. Cette technique de « bourrage de crâne », a énormément été utilisée lors de la crise aviaire par exemple : tout le monde pensait qu’un poulet contaminé allait sonner à sa porte et le contaminer. Et ce, à cause des centaines d’images et de détails que les médias télévisuels nous ont mis dans la tête. C’est aussi ce qui arrive avec le terrorisme.
2. Le choix des mots
On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter.
Toucher quelqu’un dans le mille, au plus profond de ses valeurs, le fera forcément réagir. Faire peur aux citoyens en leur faisant croire que leurs traditions sont mis en danger, que leur patrie est en danger, afin de faire réveiller en eux leur profond sentiment protecteur et patriote contre les étrangers. On le voit aujourd'hui par exemple avec le nombre d'articles qui mettent en garde contre l'islamisation de la société, ce qui provoque chez les gens des envies de défendre leur territoire contre les envahisseurs musulmans. Oui, vous réagissez exactement comme les plus hauts le veulent.
5. Engager les téléspectateurs
De plus en plus d’émissions suggèrent aux téléspectateurs de réagir sur les réseaux sociaux ou via des applications dédiées à l’émission, en direct. Ce n’est pas juste pour être cool qu’ils font ça : c’est surtout pour impliquer d’avantages le spectateur. Un spectateur plus impliqué est un spectateur plus dévoué, et donc plus réceptif aux messages publicitaires. Les politiques font la même chose : les réseaux sociaux servent à fédérer, à engager les militants ou les futurs militants. “Regardez comme on est nombreux sur Facebook, venez nous rejoindre, si on est si nombreux ce n’est pas pour rien !”. La manipulation est à tous les niveaux.
6. La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique.
7. La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. Actuellement, vous pouvez remarquer l'évolution des lois liberticides depuis l'attentat de Charlie Hebdo à Paris. Lois sur le renseignement, 49.3, surveillance massive, augmentation des militaires dans les rues, etc. Et vous le verrez dans l'avenir, de nouvelles procédures seront mises à notre disposition au nom de la "sécurité des citoyens" !
8. La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
9. Faire appel à l'émotion plutôt qu'à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
10. Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. »
La victime de la manipulation ignore qu'elle est une victime. Elle est dans une prison tout en se pensant libre.